Le dispositif scénique
L’éducation physique s’est beaucoup reposée sur l’acquisition de compétences physiques mesurables, en lien étroit avec les notions de force physique, d’agilité ou d’endurance, par exemple. Certes le sport, autant dans ses disciplines individuelles que dans ses sports d’équipe, nous apprend l’engagement, le dépassement de soi, la collaboration ou encore l’esprit d’équipe.
Mais la pratique et l’étude du corps en mouvement pourraient s’étendre au développement d’autres compétences. La formation puis le travail chorégraphique en danse contemporaine ouvrent à de nouvelles prises de conscience de l’espace, du corps et du mouvement.
Comment se montre-t-on aux autres? Comment développe-t-on des stratégies de présentation et de représentation de soi? Comment est-il possible de créer un récit avec le mouvement? Comment peut-on mettre son corps au service d’une idée ou d’un propos? Comment créer une expérience collective et performative avec son corps? Comment acquière-t-on des compétences physiques, afin de se sentir à l’aise en public, face à une classe, dans l’espace public?
Le corps, que ce soit dans sa dimension sensible ou identitaire, dans ses représentations publicitaires ou familiales, dans son utilisation intime ou sociale, occupe une place centrale dans la formation des jeunes adultes que sont les gymnasien·ne·x·s. À cet âge, le corps est l’objet de complexes, d’embarras, de discriminations, d’à priori, de privilèges, parfois d’obsessions, mais il n’est que rarement au centre de discussions éducatives ou de moments de contemplation constructifs et collectifs. C’est précisément en cela que la danse, la performance et le théâtre ont leur lots d’outils à apporter dans une salle de gym.
Si le contexte de “Kunst am Bau” ne permet pas d’insérer, à côté des heures de sport, des heures de danse, de théâtre et de performance dans le programme scolaire vaudois, il permet d’imaginer ce que pourrait apporter un tel programme “d’éducation physique”, à entendre comme un programme “d’éducation au mouvement et aux pratiques corporelles” plus large.
En cela, la “petite scène” de la salle de gym devient un lieu d’observation, de contemplation et de discussion lié au “corporel” pendant le programme FOCUS, mais aussi un espace à disposition d’une éventuelle association étudiante de théâtre d’improvisation et, bien sûr, une invitation à s’en saisir destinée au corps enseignant, une invitation qui restera là pendant une décennie.